Conditions sanitaires 1800-1915 plan agrandi
Plan tanneries Jacques-Cartier agrandi

Sur cette carte agrandie, il est facile de voir la concentration des tanneries et des manufactures de chaussures dans la paroisse Jacques-Cartier en 1870. Il est facile d'imaginer que sans un système d'évacuation approprié des déchets provenant de ces tanneries, il peut y avoir des émanations de gaz nauséabonds et même dangereux tels que l'ammoniac, le méthane et certains produits sulfurés.

Pour donnée une idée de ce qui se faisait dans ce type d'industrie et des conséquences pour l'environnement et la santé humaine, voici sommairement le procédé de tannage tel que décrit dans un ouvrage de 1802. ( A syllabus of a course of lectures on chemistry [...]  Par Humphrey Davy) Chapitre 2 Dépilation et préparation de la peau.

Pour effectuer l'épilation de la peau, on y mentionne deux méthodes:

  • Laisser continuer la putréfaction de surface de la peau si elle a déjà commencée;
  • Utilisation d'une eau de chaux sur l'épiderme.

Après l'épilation de la peau, deux procédés sont employés:

  • En utilisant une solution très diluée d'acide sulfurique;
  • ou par une faible solution alkaline (alkaline lixivia) produite par l'action de l'eau sur certains excréments d'animaux. (lixivia: eau qui sert à laver)

Pour l'opération de tannage proprement dite, on utilise différentes solutions à base d'écorces d'arbres en dilution plus ou moins concentrée selon le type de peau à traiter et l'usage de destination de cette peau. ( l'écorce de chêne était souvent utilisée.)

 

Il n'est pas bien difficile d'imaginer les conditions de vie des travailleurs dans ces ateliers. Il y avait très certainement des émanations de gaz sulfurés, des bactéries aériennes provenant de la putréfaction des peaux ou alors seulement les odeurs qu'elles produisent. Les eaux de lavage et les produits rejetés dans ces eaux n'étaient certainement pas récupérées et traitées, donc évacuées, au mieux, directement dans la rivière St-Charles ou alors comme cela a déjà été mentionné, dans le caniveau. Ces eaux venaient inonder parfois les caves des maisons avoisinantes.

Lorsque des égoûts ont été installés, ceux-ci se déversaient dans la rivière St-Charles qui, pendant une bonne période était la source d'eau potable aussi. On sait qu'à certaines périodes, particulièrement en été et lors de marées basses, la rivière St-Charles a un très faible débit donc les polluants et les déchets s'accumulaient et déversaient leur puanteur et problablement les pathogènes.